Le sphynx est apparu en Égypte du temps des pharaons, et son absence de poils est une adaptation au climat chaud de son pays d’origine. …
Non, pas du tout, en fait. Il ne faut pas confondre sphinx et sphynx ! Et si des gravures précolombiennes suggèrent l’existence de chats nus au Mexique il y a fort fort longtemps, l’histoire « connue » de nos culs-nus est plus récente.
LES ANCÊTRES DU SPHYNX
1902, Nouveau-Mexique. Des autochtones font cadeau de deux chats nus à un certain monsieur Schink. D’après les Indiens, ces drôles de félins seraient les derniers descendants d’une race de chats (ceux des gravures précolombiennes ?) que vénéraient les Aztèques…
Monsieur Schink est séduit par l’apparence et la personnalité de ces matous, intelligents et affectueux, qu’il appelle Nellie et Dick. Toutefois, pensant qu’ils sont frère et sœur, il ne les fera pas reproduire.
Mais les culs-nus n’ont pas dit leur dernier mot et vont continuer à faire des apparitions remarquées, jusqu’à ce que des éleveurs passionnés s’intéressent à eux et commencent un méticuleux travail de reproduction. Ainsi, en 1936, en Caroline du Nord, une chatte poilue met au monde quatre chatons sans poils. En 1950, trois chatons sur une portée de neuf petits siamois naissent nus : par la suite croisés entre eux, ils donnent aussi naissance à une progéniture glabre !
LES DÉBUTS DE L’ÉLEVAGE DU SPHYNX
Petit saut dans le temps : nous voilà en 1966, à Toronto, au Canada. Aux « vraies » origines de la race sphynx, si l’on peut dire. Elizabeth, une chatte noire et blanche, avec des poils, est l’heureuse maman d’une portée de chatons, dont l’un, Prune, est nu. Cette fois-ci, la mutation spontanée à l’origine de la particularité de Prune aura une suite : en effet, quatre éleveurs (Rydiahd et Yania Bawa et Keese et Rita Tenhove) récupèrent le chaton et sa mère. Il faut un nom à cette race de chats qu’ils entreprennent de stabiliser : ils les appellent d’abord « Moonstone cat », puis « Canadian hairless cat », avant de la renommer « sphynx ».
Prune est croisé avec sa mère, puis ses filles (oui, c’est un peu glauque, j’en conviens), afin de fixer le gène nu, qui est un gène récessif (il doit être transmis par le père et la mère pour s’exprimer chez le rejeton). Un premier standard de la race est rédigé, et à travers le monde d’autres éleveurs commencent à s’intéresser à ces drôles de félins.
DES ÉVELEURS PASSIONNÉS À TRAVERS LE MONDE
Avançons de dix ans. En 1975, dans une ferme du Minnesota, Jezabelle, une chatte tigrée, donne naissance à un chaton nu, prénommé Dermis, puis, l’année suivante à une petite chatte, Epidermis.
En 1978, le Dr Hugo Hernandez (qui comme son nom ne l’indique pas, est hollandais) achète deux chatons produits par Sandie Kaiser (chatterie Mewsi-Kal), qui avait elle-même acquis des chats issus du programme Bawa/Tenhove : un mâle, Starsky, et une femelle, Johnny. En 1980, c’est au tour de Punki et Paloma de quitter le Canada pour la Hollande : le Dr Hernandez peut commencer son programme de reproduction. Malheureusement, ses tentatives se soldent par des échecs : les accouplements ne donnent rien, ou bien les petits meurent. Afin d’élargir le patrimoine génétique, le Dr Hernandez croise ses chats nus avec des devon rex (une race de chats au poils ras).
En 1981, Kim Mueske achète Dermis et Epidermis, les deux chats nés en 1975 dans la ferme de l’Arizona, et les croise également avec des devon rex à la fourrure clairsemée. En 1983, c’est au tour de Tonia Vink (chatterie Z’Stardust), une éleveuse Allemande, de démarrer un élevage de sphynx : peu à peu, le cheptel s’élargit.
LE SPHYNX, UN CHAT FRANÇAIS ?
En 1983 toujours, un Français, Patrick Challain, achète une portée entière de chats nus et les présente en 1984 à une exposition féline, ou ils rencontrent un immense succès auprès des pas moins de 20 000 personnes venues les voir. En 1985, deux autres Français, Aline et Philippe Noël, achètent à leur tour des chatons hollandais, Mogwaï et Gizmo, dont la fille, Aménophis Clone, servira de modèle pour la rédaction du premier standard de la race.
Le sphynx est donc, à certains égards, un chat made in France ! C’est en tout cas ce que les éleveurs français aiment raconter… En réalité, il a fallu le travail d’éleveurs du monde entier (je ne les ai pas tous cités, tout cela est un peu confus), sur des années, pour que naisse le sphynx tel que nous le connaissons aujourd’hui.
Cet article a été rédigé d’après différentes sources que j’ai pu trouver en farfouillant ici et là, notamment les sites des la chatterie des Elfes du Lac (http://leselfesdulac.com) et de la chatterie de la Vallée des Dieux (http://valleedesdieux-sphynx.com). Les orthographes des noms et les dates diffèrent parfois : cependant, je pense que vous avez ici un résumé réaliste de l’histoire de nos chats préférés.